Et à l'école ...

C'est bien beau de parler de féminisme chez toi Marion ! Mais à l'école ? Tu fais comment ?

Alors je ne sais pas si je suis une "maîtresse" féministe ! Mais je sais que je fais attention à plein de choses quand je suis dans la classe.
Un peu de contexte. Je suis enseignante en maternelle dans un quartier dit sensible. Mes élèves ont entre cinq et six ans. Ils ont donc déjà pas mal de "préjugés" inculqués par l'environnement familial mais comme à cet âge ce sont des éponges rien n'est perdu !

Je prends donc un malin plaisir à tordre le coup aux idées préconçues de certains parents !

1)  Dans ma classe on  peut jouer au coin poupée ou garage  que l'on soit un garçon ou une fille. Alors il est vrai qu'en début d'année cela a été un peu compliqué à faire accepter à certains enfants. Alors pour les y aider j'ai lancé des missions à faire dans le coin garage. Par exemple : pour pouvoir ouvrir le garage avait besoin d'un quatrième mécanicien mais il fallait absolument que cela soit une fille. Ou bien au coin cuisine nous étions au restaurant et il nous fallait absolument un serveur. Ces jeux ont duré durant le mois de septembre dans le seul et unique but des le faire tous participer aussi bien à l'une ou l'autre de ces activités. Puis petit à petit la parité c'est faite d'elle même et aujourd'hui dans ces deux espaces de jeux on retrouve autant de garçons que de filles.
2) Lorsque je lis des histoires sur un thème bien précis je prends garde à choisir autant de textes avec des héros que de textes avec des héroïnes. De même si je présente un artiste masculin en art le suivant sera forcément féminin et vice versa.
3) Mais affichage de classe sont soit neutre par exemple uniquement des objets, soit représentant à la fois un garçon et une fille. J'ajoute à cela que je tente de représenter en image le plus de profil physique différents des grands des petits, différentes origines ethniques ...
4) Lors des jeux sportifs j'alterne systématiquement des capitaines d'équipes filles et garçons et les équipes sont obligatoirement mixtes. De même lors des jeux de lutte ou par deux j'impose autant que possible la mixité afin de leur démontrer que les filles sont aussi fortes que les garçon en sport !
5) Je passe mon temps à leur parler des couleurs en leur expliquant que non il n'existe pas de couleur de filles ou de couleur de garçon et que les couleurs sont justes des couleurs. On peut donc sans problèmes utiliser du rose ou du violet même si on est un garçon.
J'ai d'ailleurs une anecdote à ce sujet !
Un jour alors que les enfants devaient compléter un coloriage assez complexe, le petit K termine bien trop rapidement à mon goût. Je lui propose que nous discutions de son travail et je lui fait constater qu'il n'a utilisé qu'une seule couleur : le rose. Je lui redonne la consigne ( utilise le plus de couleurs possibles pour remplir le coloriage)et lui demande si à son avis il l'a bien respecté et il convient que non.
Le lendemain la maman assez contrariée me prend à part en m'expliquant que K n'a pas compris pourquoi je lui avais interdit de colorier en rose. Elle me rappelle que chacun à le droit d'utiliser les couleurs qui lui plaise et que donc elle n'est pas d'accord avec mon discours ...
Je lui sourit et la rassure en disant que j'étais totalement d'accord avec elle et lui relate donc l'intégralité de la scène. J'en ai bien sur rediscuté avec l'enfant après pour lui dire que ce qui m'avait dérangé dans son travail n'était le choix de la couleur mais le fait qu'il n'en utilise qu'une seule !

Comme quoi tout n'est pas perdu et il y a heureusement de plus en plus de parents qui s'interrogent et ont un regard et un discours de plus en plus ouvert sur ces sujets là !
Alors voilà ce n'est probablement pas grand choses mais déjà  un petit pas pour la parité. On pourrait probablement faire plus (d'ailleurs si vous avez des idées sur le sujet je suis preneuse) mais je me dis que c'est déjà un bon début !

Commentaires